Ma Madeleine,
Continuons le récit des derniers jours sans toi.
Il y a un an, j’allais vivre une journée comme je les déteste :
Où je ne maitrise rien, remplie d’angoisse, de stress, …
Durant le mois d’août précédent,
La baleine que j’étais n’avait pas le droit de trop voyager.
Alors nous sommes partis (moi en TGV et le reste de la troupe en voiture)
Pour 3 semaines dans les Landes.
Là, j’avais des contractions, une grosse fatigue et j’étais stressée
(J’ai été marquée par les histoires entendues autour de moi aussi.
Ma cousine qui a fissuré la poche des eaux trop tôt,
Heureusement l’histoire s’est bien finie avec une Rose adorable,
L’amie d’une amie d’une amie dont le bébé a cessé de bouger si près du but etc
Je suis une éponge pour ces histoires
Et cela m’angoisse toujours, cette peur permanente chez moi que le bonheur cesse d’un coup
Parce que tant de bonheur, c’est dingue non ?
Alors à tant de kilomètres de chez moi, je n’étais pas sereine).
Mais nous avons tout de même profité des beaux jours.
Je suis rentrée fin août à Paris
Et je suis allée voir la sage-femme pour être sure que tout était OK.
Je suis tombée sur une fille sans aucune empathie et très procédurière,
Une horreur.
J’ai toujours 13.8 de tension, d’aussi loin que je m’en souvienne.
En plus, j’ai le « syndrome de la blouse blanche » :
A la première prise, j’ai 14.9 ou 15.9
Puis je redescends petit à petit.
Déjà au collège, j’étais celle qui restait plus longtemps à la visite médicale
Car ils devaient refaire des prises de tension jusqu’à ce que je me calme.
Je l’explique toujours aux médecins.
Durant mes grossesses, on m’avait demandé d’acheter un tensiomètre
Et de tester ma tension toute seule, tranquillement.
Mais cette sage-femme ne m’écoutait pas et m’annonçait que si à la prochaine prise
Je n’étais pas descendue, elle m’hospitalisait.
Inutile de préciser qu’à la prise suivante, j’étais à 17 …
Je suis montée aux urgences gynéco et suis tombée sur une sage femme adorable
Qui m’a mis la prise de tension en continu tout en me parlant gentiment.
En 15 minutes j’étais redescendue et j’ai pu rentrer chez moi.
Je déteste ce qui est imprévu, je déteste ne pas maitriser,
Je déteste ne pas décider.
La situation était donc une horreur pour moi,
Cette sensation d’être prisonnière.
En raison de ma glycémie,
Je devais commencer à être suivie chaque semaine :
Pipi, monito et tension
En plus des piqûres test quotidiennes.
Du coup, j’étais assez angoissée par ces RDV du lundi matin.
(La grossesse de la sérénité … vous vous souvenez ? ….)
J’avais toujours un peu de tension mais qui redescendait.
Jusqu’à ce lundi 21 septembre.
J’étais à 15 mais surtout 15.10 et cela ne leur plaisait pas.
Alors que côté urine tout avait toujours été nickel, ils venaient de trouver un peu de protéines.
Juste un peu.
Risque de pré-éclampsie donc … Mais je n’ai pas tilté tout de suite.
La sage-femme appelle alors le gynéco et explique la situation
Et comme une fleur elle m’annonce simplement :
« On va vous déclencher ».
Moi qui pensais qu’on allait encore me faire un gros contrôle de tension,
J’étais abasourdie et affolée à l’idée de ne pas rentrer chez moi
Alors que je n’y étais pas préparée.
Et surtout je ne voulais pas que l’on te force à sortir si tu n’en avais pas envie.
Comme dit Papa : « Tu n’aimes pas que l’on t’oblige »
Et là on m’oblige mais surtout on t’obligeait toi ma Douce à obéir !
A midi, j’ai été hospitalisée. A l’étage de la maternité, côté grossesse patho.
Dans une chambre double
(J’ai horreur de cela mais ça m’a fait aussi relativiser …
La maman a côté de moi était couchée depuis des semaines …
J’ai réalisé qu’une fois de plus, au delà du stress, je faisais un peu mon enfant gâtée.
Ce mélange entre angoisse mais aussi « non je ne veux pas, laissez moi décider ! »)
Là on m’explique :
Je vais avoir une prise de tension toutes les 1/2h (…)
Un monito toutes les heures …
Une écho pour vérifier que tu allais bien …
Et je devais faire pipi dans une bouteille pour analyse dans 12h puis 24h …
Le lendemain à 8h il y aurait la réunion d’équipe qui statuerait sur un déclenchement.
J’étais paniquée : je ne voulais pas rester seule,
Qui allait s’occuper de mes filles ?
(Joséphine venait de rentrer en CP,
Adélaïde commençait à comprendre qu’un truc bizarre allait arriver)
Et surtout j’avais peur pour toi ?
Allais-tu bien ? Quels risques courais-tu ?
Je n’aime pas les choses qui ne sont pas claires, sans plan d’actions et surtout avec de l’attente.
Je suis une matheuse, une cartésienne, une carrée,
J’ai besoin d’argumentations claires,
De réponses précises, de savoir qu’est-ce qui va se passer exactement/quand/comment.
Et je me rendais compte que l’équipe médicale hésitait, ne savait pas trop.
J’ai appelé Papa qui est venu me rassurer.
J’ai eu la chance de tomber sur une super sage-femme, Lara,
Qui a pris le temps de me parler du déclenchement.
De ses avantages, de ses inconvénients.
De m’expliquer pourquoi ils n’avaient pas de réponse à toutes mes questions.
De me dire que finalement, à 38SA et quelques, mieux vaut avoir un bébé dehors
Quand on a un doute.
Je suis tombée sur un super gynéco qui m’a rassurée lors de l’écho :
Tu allais bien, tu étais un beau bébé
Mais la protéine dans les urines était un signe significatif.
Tes sœurs sont venues le soir.
Joséphine a adoré le lit qui monte et qui descend
Elle a raconté sa vie à tout le personnel
Adélaïde a été très impressionnée, elle n’osait pas m’embrasser,
Elle a mis 40 minutes à oser monter sur le lit,
Elle demandait pourquoi le bébé était encore dans mon ventre.
Depuis elle déteste l’hôpital.
Cela ne l’a pas empêchée ce jour-là de manger mon diner avec sa sœur :p
J’ai passé une nuit atroce entre la maman qui ronflait,
Les tests de tension sans cesse (qui étaient tous OK au bout de 25 minutes)
Et la bouteille à remplir …
Durant cette nuit de stress,
La sage-femme de service a eu la phrase qu’il fallait vers 4h du matin :
« Courage ! Dites vous que dans 24h vous tiendrez votre bébé dans vos bras ».
Mon bébé … Dans mes bras …
Ta bouille enfin …
Alors, à partir de 4h, je me suis calmée.
Je me suis projetée.
J’ai essayé de t’imaginer.
Après 2 petites filles si différentes physiquement, aux caractères qui n’ont rien à voir
Comment allais-tu être ?
Brune ? Châtain clair ?
Aurais-tu à la naissance les yeux bleus comme Joséphine ou noirs comme Adélaïde ?
Serais-tu coquine ? Serais-tu câline ? Serais-tu indépendante ?
Serais-tu aussi drôle que notre Chonchon ? Serais-tu aussi tendre que notre Joséphine ?
Mon 3ème bébé. Ma folie. Ma Madeleine.
J’ai posé les mains sur mon ventre afin de te sentir bouger,
En me disant que c’était certainement les dernières fois …
Certainement les dernières fois que je sentais bouger un bébé en moi,
Les dernières fois que je te sentais TOI bouger.
Demain, je te rencontrerai.
Demain je serai submergée d’amour.
Demain notre vie changerai une fois de plus.
Je ne me doutais pas que c’était seulement J-3
A suivre …
J’adore ton récit! Et quelles précisions! Tu te souviens de tout! Chapeau
Je me souviens bien en règle générale mais j’ai aussi un blog perso où je raconte notre vie aux filles. Donc il me suffit de remonter le temps dans cet autre blog pour tout retrouver ;)
Encore submergée d émotions pour ma part, surtout avec les hormones. Nôtre point de commun, anticipation et la maîtrise de tout. Comme toi Clémence, l accouchement de ce bébé 3 me stresse, que faire de mes enfants, mon mari qui travaille à 5h de route sans bouchons parisiens…Le déclenchement peut être à terme dépassé comme pour mes deux enfants, pratique pour l organisation mais moins pour bébé, quoique pour ma petite fille d amour, sans péridurale et accouchement ultra rapide avec déclenchement avec tampon.
Finalement tu sais ce fut mon plus bel accouchement donc je dis : vive le déclenchement ;)
Je repasse à travers toi et la naissance de Madeleine chacun de mes accouchements déclenchés…. Les hauts, les bas, les émotions contradictoires….. que de souvenirs qui remontent grâce à toi. Merci.
Chaque maman a tant d’anecdotes sur ces sujets. J’aime beaucoup en discuter
Aaaah ton récit me touche parce qu’il fait complètement écho à ce que j’ai vécu avec ma Choupette …
Un RDV de contrôle tout ce qu’il y a de plus banal à 36sa, l’évocation d’une douleur et une machine qui se met en route où je ne contrôle plus rien (et comme toi je ne suis pas fan de l’imprévu …) et qui ne correspond absolument pas a ce que j’avais prévu, une organisation mise à mal, et les doutes sur la santé et celle du bébé… Une période de stress difficile, très difficile ….
Hâte de lire la suite !
Mais on a la chance que tout finisse bien. Il faut parfois savoir lâcher et faire confiance . pas facile !
Et l’oncle dans tout cela ..il n’est pas encore là le précieux Zorro des accouchements ?
demain
le déclenchement est un mot qui fait peur mais dans le fond au moins tu es fixée, pas d’imprévu et puis le bébé suit le mouvement, surtout sans péridurale!
Alors oui le déclenchement était top etc. Mais je n’aime toujours pas l’idée que MAdeleine ne l’a pas décidé
Quel récit incroyable, quelle précision dans les détails ! Les larmes me sont montées aux yeux pendant la lecture. J’ai toujours eu des grossesses sans problème (beaucoup de désagréments en revanche : nausées, baisses de tension à répétition, insomnies, un déclenchement pour dépassement de terme… mais rien de pathologique !). Quel stress, cette nuit sans sommeil et ses examens en continu… Et ces professionnels de la santé qui manquent parfois terriblement d’empathie. Hâte de lire la suite ! <3
Ce qui est flippant c’est qu’on comprend que l’équipe médicale ne maitrise pas tout, ne sait pas trop, … que l’on est un cas à discuter.
Quel récit vivant! On s’y croirait, les filles ont beaucoup de chance que leur maman leur écrive aussi bien. Bravo! Beaucoup d’émotions encore en lisant ce texte. je me souviens bien de la période de la naissance de Madeleine, cela m’avait beaucoup émue car cela me remémorait beaucoup la naissance de ma propre dernière fille au même endroit 9 mois auparavant… Merci de partager ces moments de vie avec nous!
Merci de venir toujours lire ce que j’écris :)
Merci pour ce beau récit. J’adore quand les mamans racontent leur histoire, surtout avec tant de sincérité.,
Le ressenti de chaque maman est bien différent et pourtant on note des points communs : le lâcher prise. Accepter qu’on ne contrôle pas grand chose dans ces moments là et le personnel médical non plus.
J’ai accouché 2 fois à 37 sa, en deux heures la première fois et 15 mn la seconde fois… Et je peux te parler de la hantise de ne rien contrôler ! J’ai crains l’accouchement inopiné pendant toute ma grossesse.
Hâte de lire la suite demain
37SA j’imagine tout ce que tu as pu entendre sur les risques etc. Pour Joséphine a 37SA +6 ils m’avaient fait tout un sketch et finalement 3kilos100 et 51 cm !
Ma sage-femme dit que certaines femmes accouchent toujours exactement au même terme de la grossesse. Cela semble être mon cas… Il faudrait faire un troisième pour savoir ;-) Et pourtant, principe de précaution oblige, j’ai arrêté de travailler dès le 5ème mois pour mon second… Je voulais absolument connaître le 9emois de grossesse qui m’a tant manqué.
Mais franchement je prenais mal qu’on me parle des risques comme si j’étais responsable de la situation… On culpabilise les mères de tout et n’importe quoi, franchement….
Mon garcon faisaient le même poids que Joséphine. Par contre sa soeur, seulement 2,8 kg pour sa grande soeur.
J’en profite pour te dire le plaisir de suivre vos aventures, avec vos 3 merveilles ! Quelle joie de vivre se dégage du blog, je suis fan.
Beaucoup d’émotions dans ces derniers jours de grossesse!! C’est souvent comme ça quand il y a tension, diabète ( et je rajouterais thyroïde pénible pour ma part). Certains personnels soignants mettent de côté l’être humain qu’est le patient au profit de la responsabilité médicale… D’autres sont de magnifiques aides et ressources…
Malheureusement on ne choisit pas toujours sur qui on tombe aux urgences…
J’ ai été deux fois déclenchée (malade comme un ….. Pour la première et super bien pour la deuxième) car il fallait avant tout qu’elles naissent…
Et tout cas, Madeleine est magnifique et pleine de vie!!
Bonne journée!!
Trs beau récit merci. Pour la petite histoire j’ai ete declenché pour le troisieme a J+5 mais cela ne me plaisait pas car j’aurai preferé que ce petit etre decide de lui meme. Ce declenchement a ete quelque peu stresant mais au final tout s’est bien passé
J’adore ces récits d’accouchement! Et quelle précision dans le récit, c’est extra! C’est marrant moi je suis du genre pas du tout stressée (le seul truc qui me turlupine est comment je ferai garder mes enfants par qui!), mais j’ai eu la chance d’avoir des grossesses sans souci et donc sans surveillance particulière, avec des accouchements à terme. Par contre j’avoue qu’à la première vraie contraction, là je panique! et j’ai envie de tout arrêter ;)
Quel plaisir de lire tes lignes…je partage ton point de vue sur les accouchements déclenchés. je n’avais pas fait attention au moment où on m’a déclenché pour mon 2ème mais c’est le psy que nous sommes allés voir ensuite qui m’a dit que ce n’était pas anodin…tout va bien maintenant heureusement…
Bravo pour ton recit. Tu décris vraiment bien ce que tu as vécu et je veux bien croire que la machine hospitalière, lorsqu’elle se met en route, peut être effrayante!!… Je retrouve certaines patientes déjà croisées dans ce qui décrit, comme celles qui sont très cartheziennes, horreur de l’imprévu…etc l’archétype même de l’ingénieur! Hâte de lire la suite
Quel beau récit… Pour ma part, ma fille Camille (15 ans et demi aujourd’hui) est née avec 10 jours de retard… Déclenchement et ca a duré 8 heures mais avec la péri, un rêve… Et au final, une jolie petite fille de 56 cms et 4.340 kilos (!!!!!!!!). Née comme une lettre à la poste, sans césarienne.
Mon fils Antoine (13 ans aujourd’hui) est né avec 15 jours d’avance en 15 minutes… Quand je suis arrivée à la mater, pépère parce que pas stressée du tout et que je n’avais que des légers tiraillements pour lesquels je ne demandais qu’un contrôle, l’infirmière de agrde a ouvert des yeux ronds: la tête d’Antoine était déjà là… 3 poussées et hop mon fiston dans les bras; ce qui a fait dire au gynéco que le troisième naitrait dans la voiture :-))))))
Au final, de splendides souvenirs.