LECTURE : Rien de s’oppose à la nuit (Delphine de Vigan) et Adèle et moi (Julie Wolkenstein)

Cela fait un moment que je ne vous avais pas parlé de mes lectures !
J’ai lu une belle trilogie dont il faut que je vous parle même si je l’ai finie il y a quelques temps
Mais récemment je n’ai rien parcouru de formidable.

J’ai lu Muchachas 1 et Muchachas 2 de Katherine Pancol
Je suis en plein dans le tome 3, je vous en parlerai donc à la fin,
Par hasard, j’ai lu le récit de Natacha Kampusch : 3096 jours
Qui, s’il intrigue de par son histoire étonnante,
(Cette enfant enlevée et séquestrée à 2 pas de chez sa mère pendant 8 ans)
Ne mérite pas que l’on s’y étende ;)

En revanche, je partage volontiers 2 titres:
Rien ne s’oppose à la nuit de Delphine de Vigan
Et Adèle et moi de Julie Wolkenstein
Le premier lu par hasard et le second conseillé par le blog littéraire Sous les Galets que j’aime beaucoup.

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Je vous parle des 2 en même temps car, au-delà du fait que cela m’évite plusieurs billets,
Pour moi ils se ressemblent :
* Ce sont en quelque sorte des sagas familiales :
On y suit la vie du personnage central de l’enfance à la mort
Et le récit est fait par l’un des descendants.
Et ça, j’en suis fan !
* Dans chacune des histoires, un secret de famille est dévoilé,
Secret qui a une incidence directe sur la vie du personnage principal
Et qui agit indirectement sur celles de ses descendants
* Ces livres sont pour leur narrateur le moyen de s’offrir une sorte d’auto-psychanalyse
Essayer d’expliquer ce qu’ils sont en tentant de comprendre ces personnages forts de leur histoire familiale.
Une sorte d’exercice à la fois altruiste et égoïste :
(Un peu comme un blog quoi ;) )
Construire sa propre vision des choses/personnes/évènements pour la partager avec d’autres
Mais aussi pour justifier/comprendre/excuser ce que l’on est et digérer sa propre histoire.

Là où les 2 récits diffèrent : l’ambiance.
Adèle, arrière grand-mère de la narratrice de Julie Wolkenstein, évolue dans un milieu privilégié,
Entre la fin du 19ème siécle et le début de la 2ème guerre mondiale.
On y suit la vie d’une femme heureuse qui découvre qu’un secret de famille a toujours impacté sa vie
Et Adèle va apprendre à vivre avec.
Lucile, mère de Delphine de Vigan, est plutôt de la génération de ma Maman
On suit sa vie et notamment sa chute dans la dépression
Puis on apprend quel est le secret qui l’a détruite.
Lucile n’a pas pu vivre avec,
Certainement car son secret est plus lourd à porter et la touche plus directement que celui d’Adèle.

Ces 2 secrets, qui ne sont pas de même nature, n’ont pas les mêmes conséquences
Et donc offrent 2 ambiances différentes :
Un roman presque léger via le récit d’une vie somme toute  « classique » mais qui nous fait découvrir une époque, un milieu etc
Un roman lourd qui suit la chute d’une femme.

Avant de commander, je le redis :
Je ne suis pas une blogueuse littéraire,
Je partage juste mon avis sur les livres que je lis, je ne prétends pas en faire une analyse
Juste partager pour peut-être vous donner des idées lecture !

RIEN NE S’OPPOSE A LA NUIT
Lucile s’est suicidée à 61 ans après des épisodes de crises bipôlaires.
Sa fille, l’auteur, écrit donc ce roman comme un hommage à sa maman
Mais aussi, comme je le disais, comme une sorte de recherche de vérité et d’explication  :
Qu’est-ce qui a déclenché cette folie ? Aurait-on pu l’arrêter ? Quel impact sa propre vie ?

Delphine de Vigan a lu les journaux intimes de sa Maman
Et est partie à la rencontre de la famille nombreuse de celle-ci
Pour recueillir des témoignages et essayer de comprendre ce qui a fait basculer Lucile
Et comment tout cela impacte ce qu’elle est et ce qu’est sa sœur
Avec une véritable obsession de ne pas trahir la vérité
Tout en étant consciente que ce livre ne pourra être que SA version de Lucile.

Le ton est factuel, grave à l’image des évènements,
On sent la recherche de sincérité et la vonlonté de ne blesser personne
En racontant tout cela.

Le livre commence avec la description de la vie d’une famille nombreuses (9 enfants)
Dans les années 60, entre un père autoritaire et une mère continuellement enceinte
Une famille avec ses bonheurs et ses malheurs (leurs drames étant peut être plus nombreux que la moyenne).

Puis Lucile grandit, a du mal à trouver sa place
Et tombe amoureuse de Gabriel avec qui elle aura 2 filles.
C’est alors que le livre change de cap :
Lucile révèle un secret qui la fait basculer dans la dépression et les crises bipôlaires
Les hauts et les bas y sont décrits jusqu’à la fin de sa vie qu’elle aura choisie.

J’ai lu beaucoup de bien de ce roman « fantastique », « magistral », « poignant »…
De mon côté, j’ai été très mitigée.

Contrairement à beaucoup, j’ai aimé la première partie
Car j’aime les histoires de famille qui montrent comment les personnalités se construisent.
J’ai trouvé que c’était intéressant pour connaitre Lucile
Dans la vie de tous les jours, j’aime être attentive à cela pour expliquer le comportement des gens.

Quand le livre bascule et que l’on devient spectateur de la chute,
J’ai d’abord été passionnée car j’ai, comme tout le monde, un côté voyeur,
Surtout sur des maux aussi étranges et méconnus (pour moi)
Mais aussi car le secret est révélé.

Puis j’ai été un peu « dégoûtée », trop dans le voyeurisme justement.
En me disant finalement : qui suis-je pour entrer dans cette intimité ?
Où cela va-t-il mener ? Qu’est-ce cette lecture m’apporte ?

J’ai fini le livre avec un sentiment de malaise, me demandant ce que m’a apporté d’observer une telle douleur
Et en  me trouvant également chanceuse d’être aussi ‘normale’.

En revanche, j’ai bien compris l’intérêt direct qu’avait Delphine de Vigan
A mener son enquête et à écrire ce livre.
Une sorte de catharsis, d’accouchement libérateur nécessaire.

ADELE ET MOI
A la mort de son père, la narratrice découvre des documents sur son arrière-grand-mère Adèle.
Elle y découvre un secret qui lui donne envie d’enquêter sur la vie de cette femme née en 1860 et morte en 1941.

Un roman qui décrit donc les bonheurs et les malheurs d’une vie dans la bourgeoisie parisienne,
Qui suivent l’ascension de cette classe sociale et son déclin avec la guerre.
Et à mi-chemin, la découverte d’un secret qui clarifie une partie de la vie d’Adèle

Dans une saga familiale,
Pas d’autre but qu’une histoire racontée et une période d’Histoire ressuscitée.
Mais cette saga est agréable tant par ses personnages que par le ton donné.

Les personnages centraux sont des femmes qui tournent autour des maris/pères
Des femmes toutes un peu particulières dans leur genre :
Adèle, femme et mère de famille comblée
Mais peu conforme aux exigences de l’époque :
Elle déteste les anniversaires d’enfants, les mondanités, les mariages arrangés d’alors
(Ses explications sont absolument extra !)
Elle aime fumer et faire l’amour

Les amies d’Adèle :
Arrabella : mondaine sans enfant, fortunée mais peu heureuse
Marie-Hélène : mariée par arrangement, mère de famille désolée et désolante
Pauline : la soeur à moitié demeurée que l’on traine et case comme on peut
Aliénor : la fille observatrice et discrète
Odette : la veille fille qui nous régale

Et la narratrice  qui se trouve tant de points communs avec Adèle :
Elle boit, elle fume, elle fait des weekends ‘no kids’ …
Elle ne se soucie pas des conventions, OK
Mais est un peu trop ‘gauche caviar’ (comme on dit) pour moi.
Sa quête d’identité qui justifie le livre ne me semble pas cohérente.
Je n’ai pas accroché avec elle.

En revanche, j’ai aimé tous les moments ‘politiquement incorrects’,
Les critiques de la société d’alors si bien écrites.
J’ai aimé ces ambiances d’un autre temps, très (trop ?) corrects pour le coup
Ponctuées par des moments de langage très modernes voire parfois crus.
Les chutes de chapitre sont souvent délicieuses également.

J’ai aimé également que le roman ait pour piliers des maisons,
Socles de la vie d’Adèle, ayant toutes des particularités
(Le train qui passe au fond du jardin pour l’une, la position sur le haut de la falaise pour l’autre,
Les étages étranges pour la troisième …)

Bref, j’ai aimé l’écriture.
J’ai fini le livre presque avec tristesse, j’ai beaucoup aimé suivre cette étonnante Adèle
Même si la justification de son écriture par la narratrice m’a semblée inutile.

Voilà donc 2 romans à la fois semblables de part leur catégorie (suivi de la vie d’une femme particulière)
Mais complètement différents dans leur ambiance, leur traitement du sujet et leur conclusion.

J’ai donc préféré Adèle à Lucile  (merci Galéa !)
Mais je suis tout de même contente d’avoir lu les 2

Des idées de saga familiale sympa pour l’été ?

48 comments

  1. Esqui says:

    Celle de Ken Follett sur le XXème siècle : La Chute du monde et L’Hiver des géants.
    Comme pour Les Piliers de la terre, on se passionne pour une saga familiale tout en apprenant beaucoup de choses (de l’architecture d’une cathédrale ou d’un pont à l’histoire du XXème siècle du point de vue russe, allemand et anglais).
    Enjoy!

  2. A. says:

    tout à fait d’accord avec vous Clémence pour le livre de deVigan, j’ai ressenti la même chose, j’ai aimé la première partie mais quand on entre dans « la chute » j’ai été écoeurée aussi, d’ailleurs je n’ai pas fini le bouquin, je ne connais donc pas le secret! (si vous voulez me le révéler je veux bien, je suis curieuse!) je n’aime pas me forcer à lire quand je n’accroche pas!
    par contre j’ai très envie de lire le 2éme roman dont vous parlez très bien! mais j’ai beaucoup de livres à lire pour on travail cet été, il attendra peut être la rentrée du coup! j’ai bien aimé Muchachas tome 1 même si je l’ai trouvé un peu déconcertant et certains passages insoutenables…

  3. Féli says:

    J’ai beaucoup aimé Delphine de VIgan, j’en avais même arlé (http://felicielasouris.blogspot.fr/2013/12/coup-de-coeur-rien-ne-soppose-la-nuit.html), par contre je n’ai pas lu le Wolkenstein (déjà noté sur les conseils de Galéa, mais 2 avis positifs ça va me motiver pour le trouver!). Pas mal de bonnes lectures à te conseiller (enfin comme ce sont souvent sur des conseils de Galéa, tu les as déjà surement notés), mais pas de saga familiale, désolée!

  4. gaelle says:

    Alors voila de Baptiste Beaulieu recommandé par l’intelligente sophielastyliste ! je me régale !

    merci pour les conseils je vais étoffer ma liste de plage

    j’attends ton retour sur les muchachas parce que moi je n’ai pas réussi à entrer dans le1er !

    bonnes vacances !!!

  5. Anne ED says:

    J’ai lu il y a longtemps le livre de D de VIgan (et j’avais aimé, je trouve que Delphine a beaucoup de recul et que son récit est bien mené).
    Tu m’as convaincue pour le deuxième, il sera dans ma valise !

  6. vanessa says:

    Vous êtes bien organisées les filles, je ne prends pas le temps de lire car je passe beaucoup de temps avec deux petits et le soir je suis au lit de bonne heure. Bravo!
    PS : si vous avez de bonnes idées de livres avec un loup pour enfant de 3 ans, je suis preneuse!

  7. madame chouchoute says:

    C’est drôle; je viens de terminer « rien de s’oppose à la nuit »! Et pareil, j’ai été assez mitigée. Bien aimé les descriptions d’ambiances familiales mais assez perturbée par la scène ou elle découvre sa mère morte.. Pour les lectures de l’été je conseille : la liste de mes envies(juste un peu déçue par la fin..), l’ombre du vent (romanesque et romantique; parfait pour l’été),et se replonger dans les classiques qui nous tombaient des mains au collèges.
    Bon été ;-)

  8. Fleur says:

    Les jurées du Prix Elle qui ont eu « Adèle et moi » à lire l’ont adoré. Du coup, tu me donnes aussi envie de le lire.
    J’ai terminé « Rien ne s’oppose à la nuit » il y a quelques jours et je l’ai beaucoup aimé.

  9. Coralie says:

    Chouette , j adore partir en vacances avec une pile de livres et je manquais d idée cette année …
    On m’ a prête « rien ne s oppose a la nuit  » lorsque j étais enceinte mais j avais eu peur qu il soit trop dur ( les hormones me faisaient déjà beaucoup pleuré )et je l avais oublié depuis .
    Ça me donne envie de le lire .Je vais donc emmener ces 2 livres avec moi et je pense que je vais quand même me laisser tenter par Muchachas car j’ avais bien aime les précédents …
    Merci pour ces conseils !

  10. Sophie says:

    Je viens de terminer le tome 2 de Muchachas, moi j’aime bien!:)
    sinon ces derniers mois mes seules lectures se limitent à ton blog…d’ailleurs tu devrais faire plus de billets!:))
    bisous ma clem <3

    • Les Trouvailles says:

      J’aime bien aussi ! Même si le fait que le tome 1 et le tome 2 ne se rejoignent pas (c’est le tome 3 qui lie tout) m’a décontenancée !
      Pour mon blog, le niveau de publication va plutôt diminuer dans les semaines à venir. D’une part car je serai en vacances très vite et ensuite parce que justement mes chères lectrices vous ne serez pas le net ;)

  11. Fanny says:

    Je n’ai pas lu le livre recommandé par Galéa mais je vais sans doute m’y mettre … même analyse que toi pour le livre de Delphine de Vigan que j’ai lu il y a 18 mois ……
    Que penses-tu de Muchachas à lire ou pas ? Là je lis une saga sur le métier de sage femme au Canada dans les années 1850 et c’est très sympa !

    • Les Trouvailles says:

      Si tu as aimé les 3 derniers (crocodiles/tortues/écureuils), tu vas aimer. C’est le même genre.
      Plus déroutant car le tome 1 et 2 n’ont rien à voir (en terme d’histoire), le 3 semblant tout faire se rejoindre.
      Je suis en plein tome 3 et j’aime bien.
      Tu as juste en moins le plaisir de la découverte de ce style d’écriture particulière

  12. sous les galets says:

    Tu sais à quel point je suis d’accord avec toi et combien je suis contente de ton billet. J’ai exactement la même réserve que toi, elle en rajoute trop dans la fille de gauche, c’est artificiel et donneur de leçon, sauf que ce qui est chouette c’est qu’elle est délicieusement antipathique, on lui préfère Adèle, on n’a pas envie de l’aimer et elle fait tout pour (genre : je n’aime pas rencontrer les lecteurs…).
    Vu ta notoriété, tu vas donner une deuxième vie à ce livre, très ignoré à sa sortie et complètement injustement (youpi).
    Je te rejoins sur le Vigan, j’ai trainé un cafard pas possible pendant 8 jours après…mais c’est magistral quand même.
    Des bises

  13. Rose Petticoat says:

    j’aime ces échanges, je vais donc lire « Adéle et moi », il y a longtemps que je ne me suis attachée à un personnage, la derniére fois j’ai couru sur la lande écossaise avec une « sorciére », héroine de Susan Fletcher dans « un bucher sous la neige »…

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